Il met en évidence la fugacité du moment, il nous laisse face à nous même, il est d’un détachement total.
Dans le haïku il n’y a pas d’état d’âme, seulement l’humilité dans la perception, l’apparente insignifiance des choses, les trois fois rien de la vie, l’impression instantanée (je le compare
souvent à un instantané en photo).
Le Haïku est le résultat d’une prise de conscience profondément ressentie à un instant T.
Cette expression (et là je vais certainement faire hurler les puristes) « artistique » est ancrée, en ce qui me concerne dans le précaire et l’éphémère, ce qui n’en est pas moins un principe de
changement et de diversité.
C’est une vision poétique du monde, de la fulgurance du quotidien, le Haïku à cette musicalité que je retrouve lorsque j’écoute Debussy.
Ce dernier avait fait reproduire « La Grande Vague » d’Hokusaï en tête de la partition de son poème symphonique « La Mer ».
Voilà pourquoi pour moi il donne autant à voir qu’à entendre et ressentir.
L’écriture du Haïku nous amène également à la modestie, l’humilité, après tout ce ne sont que trois lignes (une seule en japonais).
Il faut écrire avec ce que l’on est, sa sensibilité, être en harmonie avec ce que l’on écrit, être authentique et suivre son instinct.
Je suis très attachée à l’art l’éphémère, on le pense, on le montre puis il disparaît, aucune trace sinon le souvenir ou l’impression que l’œuvre nous a laissée.
Il en est de même pour le Haïku si celui-ci vous a ému ou touché fait voir ou ressentir selon vos propres émotions pour moi et seulement pour moi c’est un haïku.
Graziella Dupuy